Maître de Conférences en Histoire médiévale à Clermont-Ferrand de 2000 à 2018, je suis professeur d’Histoire médiévale à l’Université Clermont Auvergne. J’ai dirigé pendant sept ans l’École doctorale Lettres Langues Sciences Humaines et Sociales de cette université, jusqu’en novembre 2024, et assure depuis octobre 2023 la direction du Collège des Écoles Doctorales, structure de coordination des cinq Écoles doctorales de l’UCA. Au sein du CHEC, je coordonne avec Pascale Chevalier l’Axe 2 Production et pratiques sociales des arts.

Membre du Comité de Rédaction et du Comité de Lecture de la Revue Mabillon, je suis devenu Responsable de la Rédaction de cette même revue en 2019. Parallèlement, j’appartiens au Comité de Rédaction de la revue Études franciscaines (Paris), aux Comités Scientifiques des revues Archivum Franciscanum Historicum (Rome) et Quaderni di Storia religiosa (Bologne) ainsi qu’au Conseil scientifique de la revue Franciscana (Assise). Membre du Comité scientifique de la Forschungsstelle für Vergleichende Ordensgeschichte (FOVOG) [Centre de recherches pour l’histoire comparée des ordres religieux, Université Technique de Dresde] pendant plus de dix ans (à partir de 2009), j’ai participé depuis 2014 à des Comités d’experts pour l’Agence Nationale de la Recherche, le Haut Conseil à l’Évaluation de la Recherche et de l’Enseignement Supérieur (HCERES), le Fonds National de la Recherche Scientifique (F.R.S.-FNRS, Belgique francophone), la Deutsche Forschungsgemeinschaft (DFG, Allemagne), la Grantová Agentura České Republiky (GACR, République tchèque) et l’Université Charles de Prague (République tchèque).

En 2011, j’ai soutenu mon Habilitation à Diriger des Recherches, dont le mémoire inédit reposait sur une plongée dans les villes de Silésie et Haute Lusace à la veille de l’irruption du Luthéranisme. Ce terrain d’enquête avait constitué pour moi une totale découverte, au cours des années 2000 ; mais à bien des égards, ont convergé dans cette étude plusieurs faisceaux prenant leurs racines dès mes années de doctorat en Dauphiné. Depuis 2011, mon activité de recherche a suivi quelques lignes de faîte renouvelant mes approches et ma réflexion, mais dans la continuité et la cohérence avec mes travaux antérieurs.

Parallèlement à la coordination conjointe (avec Marie-Madeleine de Cevins), de 2012 à 2016, du programme ANR MARGEC [« Marginalité, économie et christianisme. La vie matérielle des couvents mendiants en Europe centrale (v. 1220 – v. 1550) »], j’ai continué à développer une activité de recherche à l’échelle européenne et à m’investir dans le développement de coopérations internationales, avec en particulier, à partir de 2013, un programme de recherche sur les réformes religieuses de l’Observance en Europe (XVe siècle), associant des chercheurs de Pologne, Roumanie, Allemagne, Hongrie, France et Italie autour de Letizia Pellegrini, Gabor Klaniczay, Pawel Kras et moi-même. La correspondance de Jean de Capistran, entre 1451 et 1456, a été placée au centre de l’étude, avec plusieurs colloques ou ateliers et, ces dernières années, un travail d’édition mené par des équipes constituées sur des bases nationales (en Pologne, Hongrie et République tchèque) que je continue à suivre de plus loin désormais.

Actuellement, mes travaux s’organisent autour de trois axes, étroitement liés entre eux :

Norme, déviance, hérésie
J’ai travaillé ces dernières années sur la convergence de deux phénomènes essentiels du XVe siècle : d’une part, dans la continuité de mon Habilitation, le développement des mouvements réformateurs « d’observance » au sein des ordres religieux, particulièrement des ordres mendiants ; d’autre part, les débuts de la répression d’un crime imaginaire, celui de sorcellerie. Cette convergence n’a rien d’artificiel compte tenu de la nature même des réformes de l’observance, dont l’ambition de normalisation a largement dépassé le monde du cloître, qui ont été portées par une véritable hantise de l’idolâtrie, ont propagé une vision du monde en forme de diabolisation et ont œuvré au service du pouvoir. La genèse de la « Grande Chasse » doit ainsi être inscrite dans la thématique plus large de la dialectique entre normalisation-uniformisation et répression de la déviance, comme je l’ai souligné dans mon livre La Grande Chasse aux sorcières. Histoire d’une répression (XVe-XVIIIe siècle), Paris, A. Colin, 2022 [nouvelle édition enrichie de Sorcières ! La Grande Chasse (XIVe-XVIIIe siècles), Paris, A. Colin, 2013] ou encore dans une contribution donnée à l’ouvrage collectif que j’ai co-dirigé avec Cristina Andenna, Marina Benedetti, Sylvie Duval et Haude Morvan, Les réformes de l’Observance en Europe (XIVe-XVIe siècle). Régler, éduquer et contrôler la société chrétienne, Rome, Collection de l’École Française de Rome, 2025. Ce livre est issu du programme Observer l’Observance. Diffusion, réseaux et influences des réformes régulières en Europe (fin XIVe – première moitié du XVIe siècle) coordonné avec Sylvie Duval (désormais à l’Université de Bologne) et Haude Morvan (Université de Bordeaux 3), que nous avions lancé en 2017 lors d’une rencontre clermontoise et qui a été jalonné par des colloques à Weingarten (2018) et Rome (2019).

Femme, vie religieuse, réforme
Une véritable pierre angulaire est ici constituée par un projet mené en collaboration avec Paul- Bernard Hodel (Université de Fribourg) et les membres d’une petite équipe de chercheurs européens et américains : un travail d’édition et d’analyse des écrits de et sur Colette de Corbie (1381-1447), débouchant sur un ouvrage mais aussi une réflexion plus large sur les formes et les fonctions de la sainteté féminine. Une convention de partenariat nouée entre le CHEC, le CELIS, l’IHRIM et l’École Doctorale LLSHS de l’UCA d’une part, l’Istituto Storico Italiano per Il Medioevo (ISIME, Rome) d’autre part, doit permettre de contribuer à des collaborations internationales telles celles du projet “Sorores”. Les religieuses non cloîtrées en Europe du Sud, XIIe-XVIIIe siècles inscrit par l’École Française de Rome dans son contrat quinquennal 2022-2026 ainsi que dans celui de la Casa de Velázquez (Madrid), programme auquel le CHEC a été associé (voir https://sorores.hypotheses.org/) ; ou encore, de porter des opérations ponctuelles comme la co- organisation (avec Antonella Dejure, Sylvie Duval, Françoise Laurent, Umberto Longo, Sonia Porzi et Vivien Prigent) du Colloque Epistolari e santità femminile tra’300 e inizio ‘500 tenu à Rome (École Française de Rome et ISIME) les 18 et 19 mars 2024, dont la publication des Actes est en préparation dans la collection de l’ISIME.
En outre, j’ai contribué à la rédaction du projet HOmmes et FEmmes en AUtorité. Construction conjointe de la norme (CHEC – Université de Montréal – UQAM) lauréat du programme Samuel de Champlain (mars 2023) et financé par le Conseil Franco-Québecois de Coopération Universitaire (2023-2025), projet dont je suis co-chercheur avec des collègues français (Sylvie Duval, Bettina Séverin-Barboutie du CHEC) et québecois (Gordon Blennemann, Isabel Harvey).

Images mentales, paysage urbain, espace social
Je m’intéresse enfin au lien construit, au tournant des époques médiévale et moderne, entre des images matérielles et des représentations mentales. L’implication de l’image mentale dans les formes de la prière et de la pastorale doit beaucoup à l’action des réformateurs religieux de la fin du Moyen Âge. L’enquête doit se déployer dans le corpus des textes, sermons de prédicateurs ou traités de méditation ayant, aux XIIe-XVIe siècles, incité à la constitution d’images mentales, mais je l’ai jusqu’ici surtout menée en travaillant sur les phénomènes de reproduction et de transplantation de lieux sacrés, telles les fondations du Calvaire de Romans (Dauphiné) et du Kalvarienberg de Görlitz (Haute Lusace). L’objectif est d’étudier les processus de sacralisation de l’espace urbain et périurbain par le biais de lieux (loci) et d’itinéraires dévotionnels modelés principalement sur le souvenir et le culte de la Passion (donc la référence à Jérusalem), processus dont les implications restent encore à analyser dans toutes leurs dimensions.
L’un des principaux thèmes développés au sein de l’Axe 2 du CHEC est celui des usages de l’image et en particulier de l’articulation entre images matérielles et représentations mentales, que les premières aient servi de support aux secondes ou, à l’inverse, que des processus de création en esprit aient débouché sur des ymagines visibles de tous. Le monde du cloître a constitué un lieu privilégié d’élaboration, perpétuant certaines pratiques jusqu’à l’Époque contemporaine. Il y a là une passionnante exploration propice à la collaboration interdisciplinaire. Nous nous sommes ainsi efforcés de développer des synergies avec Daniele Rivoletti (CHEC) et Caroline Lardy (CHEC), notamment par le biais du séminaire Formes, supports et pratiques de la prière (Moyen Âge - Époque contemporaine), tenu entre mai 2021 et avril 2024 (7 séances), lors duquel nous avons fait dialoguer chercheurs et doctorants de l’UCA, mais aussi des intervenants venus d’institutions françaises ou étrangères, ainsi que par l’organisation de l’atelier Prier au monastère. Objets et gestes de la prière (Moyen Âge – Époque contemporaine) à Clermont-Ferrand le 17 octobre 2024. Un ouvrage collectif est en préparation.

Enfin, mon investissement dans mon laboratoire a également débouché sur l’organisation, en 2019, d’un colloque (commun aux Axes 1 et 2 du CHEC) en collaboration avec Vincent Flauraud (CHEC), et sur la publication de l’ouvrage De la parole du prédicateur au discours politique. Jalons pour une histoire de la critique religieuse du politique (du Moyen Âge à l’époque contemporaine), Presses Universitaires Blaise-Pascal, 2022 ; ou encore, sur la co-organisation (avec Damien Carraz et Johan Picot) du Colloque international Identités montferrandaises, de la ville neuve au quartier (1120-2020) tenu à Clermont-Ferrand du 30 septembre au 2 octobre 2021, dont les Actes vont paraître aux Presses Universitaires Blaise-Pascal en 2025.

L. Viallet, bibliographie, activités, 2019-2024