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Ludovic VIALLET
Maître de Conférences en Histoire médiévale à Clermont-Ferrand de 2000 à 2018, je suis professeur d’Histoire médiévale à l’Université Clermont Auvergne et dirige l’École Doctorale Lettres Langues Sciences Humaines et Sociales de cette université. Au sein du CHEC, je coordonne avec Marianne Jakobi l’Axe 2 Production et pratiques sociales des arts.
Membre du Comité de Rédaction et du Comité de Lecture de la Revue Mabillon, je suis devenu Responsable de la Rédaction de cette même revue en 2019. Parallèlement, j’appartiens au Comité de Rédaction de la revue Études franciscaines (Paris), au Comité Scientifique de la revue Archivum Franciscanum Historicum (Rome) et au Comité Scientifique de la revue Quaderni di Storia religiosa (Bologne). Membre du Comité scientifique de la Forschungsstelle für Vergleichende Ordensgeschichte (FOVOG) [Centre de recherches pour l’histoire com-parée des ordres religieux, Université Technique de Dresde] depuis 2009, j’ai participé à des Comités d’experts pour l’Agence Nationale de la Recherche, le Haut Conseil à l’Évaluation de la Recherche et de l’Enseignement Supérieur (HCERES), le Fonds National de la Recherche Scientifique (F.R.S.-FNRS, Belgique francophone), la Deutsche Forschungsgemeinschaft (DFG, Allemagne), la Grantová Agentura České Republiky (GACR, République tchèque) et l’Université Charles de Prague (République tchèque).
En 2011, j’ai soutenu mon Habilitation à Diriger des Recherches, dont le mémoire inédit reposait sur une plongée dans les villes de Silésie et Haute Lusace à la veille de l’irruption du Luthéranisme. Ce terrain d’enquête avait constitué pour moi une totale découverte, au cours des années 2000 ; mais à bien des égards, ont convergé dans cette étude plusieurs faisceaux prenant leurs racines dès mes années de doctorat en Dauphiné. Depuis 2011, mon activité de recherche a suivi quelques lignes de faîte renouvelant mes approches et ma réflexion, mais dans la continuité et la cohérence avec mes travaux antérieurs.
Parallèlement à la coordination conjointe (avec Marie-Madeleine de Cevins), de 2012 à 2016, du programme ANR MARGEC [« Marginalité, économie et christianisme. La vie matérielle des couvents mendiants en Europe centrale (v. 1220 – v. 1550) »], j’ai continué à développer une activité de recherche à l’échelle européenne et à m’investir dans le développement de coopérations internationales. Je signale en particulier :
. À partir de 2013, le programme de recherche sur les réformes religieuses de l’Observance en Europe (XVe siècle), associant des chercheurs de Pologne, Roumanie, Allemagne, Hongrie, France et Italie autour de Letizia Pellegrini, Gabor Klaniczay, Pawel Kras et moi-même. La correspondance de Jean de Capistran, entre 1451 et 1456, a été placée au centre de l’étude. Cette entreprise collective a donné lieu à plusieurs colloques ou ateliers. Une équipe polonaise, coordonnée par Pawel Kras, a publié un volume des lettres de Capistran, tandis qu’un programme monté par Antonin Kalous (Université d’Olomouc) travaille sur les lettres de l’espace tchèque et une équipe hongroise sur celles du vaste royaume de Hongrie.
Actuellement, mes travaux s’organisent autour de trois axes, étroitement liés entre eux :
Norme, déviance, hérésie
J’ai travaillé ces dernières années sur la convergence de deux phénomènes essentiels du XVe siècle : d’une part, dans la continuité de mon Habilitation, le développement des mouvements réformateurs « d’observance » au sein des ordres religieux, particulièrement des ordresmendiants ; d’autre part, les débuts de la répression d’un crime imaginaire, celui de sorcellerie. Cette convergence n’a rien d’artificiel compte tenu de la nature même des réformes de l’observance, dont l’ambition de normalisation a largement dépassé le monde du cloître, qui ont été portées par une véritable hantise de l’idolâtrie, ont propagé une vision du monde en forme de diabolisation et ont œuvré au service du pouvoir. La genèse de la « Grande Chasse » doit ainsi être inscrite dans la thématique plus large de la dialectique entre normalisation-uniformisation et répression de la déviance.
Femme, vie religieuse, réforme
Une véritable pierre angulaire est ici constituée par un projet mené en collaboration avec Paul- Bernard Hodel (Université de Fribourg) et les membres d’une petite équipe de chercheurs européens et américains, avec le soutien de la Fondation d’André Vauchez à l’Académie des Inscriptions et Belles-Lettres puis de la Fédération des Clarisses : un travail d’édition et d’analyse des écrits de et sur Colette de Corbie (1381-1447), débouchant sur un ouvrage mais aussi une réflexion plus large sur les formes et les fonctions de la sainteté féminine. Une convention de partenariat nouée entre le CHEC, le CELIS, l’IHRIM et l’École Doctorale LLSHS de l’UCA d’une part, l’Istituto Storico Italiano per Il Medioevo (ISIME, Rome) d’autre part, doit permettre de contribuer à des collaborations internationales telles celles du projet “Sorores”. Les religieuses non cloîtrées en Europe du Sud, XIIe-XVIIIe siècles auquel le CHEC a été associé. Coordonné par Isabelle Cochelin (Université de Toronto, porteuse du projet), Angela Carbone (Université de Bari), Sergi Sancho Fibla (Université Catholique de Louvain) et Sylvie Duval (UCA), il a été accepté par l’École Française de Rome au titre des programmes structurants inscrits dans son contrat quinquennal 2022-2026 ainsi que par la Casa de Velázquez (Madrid), obtenant ainsi le label « Réseau des Écoles Françaises à l’Étranger » (ResEFE). Voir https://sorores.hypotheses.org/.
Images mentales, paysage urbain, espace social
Je m’intéresse enfin au lien construit, au tournant des époques médiévale et moderne, entre des images matérielles et des représentations mentales. L’implication de l’image mentale dans les formes de la prière et de la pastorale doit beaucoup à l’action des réformateurs religieux de la fin du Moyen Âge. L’enquête doit se déployer dans le corpus des textes, sermons de prédicateurs ou traités de méditation ayant, aux XIIe-XVIe siècles, incité à la constitution d’images mentales, mais je l’ai jusqu’ici surtout menée en travaillant sur les phénomènes de reproduction et de transplantation de lieux sacrés, telles les fondations du Calvaire de Romans (Dauphiné) et du Kalvarienberg de Görlitz (Haute Lusace). L’objectif est d'étudier les processus de sacralisation de l'espace urbain et périurbain par le biais de lieux (loci) et d'itinéraires dévotionnels modelés principalement sur le souvenir et le culte de la Passion (donc la référence à Jérusalem), processus dont les implications restent encore à analyser dans toutes leurs dimensions.
L’un des principaux thèmes développés au sein de l’Axe 2 du CHEC est celui des usages de l’image et en particulier de l’articulation entre images matérielles et représentations mentales, que les premières aient servi de support aux secondes ou, à l'inverse, que des processus de création en esprit aient débouché sur des ymagines visibles de tous. Le monde du cloître a constitué un lieu privilégié d’élaboration, perpétuant certaines pratiques jusqu’à l’Époque contemporaine. Il y a là une passionnante exploration propice à la collaboration interdisciplinaire. Nous nous efforçons ainsi de développer des synergies avec Daniele Rivoletti (CHEC) et Caroline Lardy (CHEC), notamment par le biais du séminaire Formes, supports et pratiques de la prière (Moyen Âge - Époque contemporaine), où nous faisons dialoguer chercheurs et doctorants de l’UCA, mais aussi des intervenants venus d’institutions françaises ou étrangères.
Enfin, mon investissement dans mon laboratoire a également débouché sur l’organisation, en 2019, d’un colloque (commun aux Axes 1 et 2 du CHEC) en collaboration avec Vincent Flauraud (CHEC), et sur la publication de l’ouvrage De la parole du prédicateur au discours politique. Jalons pour une histoire de la critique religieuse du politique (du Moyen Âge à l’époque contemporaine), Presses Universitaires Blaise-Pascal, 2022.
Bibliographie