Responsables : Marianne Jakobi, Ludovic Viallet


Cet axe doit permettre de poursuivre la collaboration entre histoire, histoire de l'art, archéologie et anthropologie.


Dans la continuité des deux précédents plans quinquennaux, il s'agira de franchir encore un pallier dans les synergies entre membres du CHEC, mais aussi de penser la structuration en axes comme ayant vocation à être régulièrement effacée grâce à la complémentarité des thématiques et des approches. Les travaux des enseignants-chercheurs associés à cet axe couvrent l'ensemble de la chronologie, depuis l'Antiquité jusqu’à la période actuelle. De la mise en œuvre de savoir-faire techniques (définissant peu ou prou, à travers l'histoire, les contours de métiers, ce qui ouvre sur une sociologie du processus artistique déjà largement arpentée au sein du CHEC) à celle de pratiques sociales — en une dialectique entre l'individuel et le collectif articulée autour de l'objet produit (artefact) — on entend donc construire une histoire culturelle et artistique résolument transdisciplinaire.


 

Participants :

17 Enseignants-Chercheurs : Philippe Bourdin, Catherine Breniquet, Catherine Cardinal, , Fabienne Colas-Rannou, Stéphane Gomis, Louis Hincker, Marianne Jakobi, Yassaman Khajehi, Caroline Lardy, Benjamin Lassauzet, Jean-François Luneau, Céline Perol, Bruno Phalip, Laurence Riviale, Daniele Rivoletti, Pierre Sérié , Cyril Triolaire, Ludovic Viallet

15 doctorants et docteurs : Pierre Bonhomme, Claire Bourguignon, Adeline Chion-Leydet, François Daumet, Martial Déflacieux, Alexis Fontbonne, Auriane Gotrand, Eimi Kimura, Mathilde Lavenu, Noémie Marijon, Camille Penet-Merahi, Pierre Mesplé, Marion Monier, Amaury Rapaly, Clara Screve, Claire Taillandier, Tiphaine Tauziat


● Isabelle Langlois, IE

Thème 1 : GENESE ET MATERIALITES DES OEUVRES

À partir de la matérialité des œuvres et de leurs processus de création, il s’agit d’envisager les formes et leurs représentations dans les civilisations traditionnelles, passées ou contemporaines. Si l’on étudie le phénomène de la fabrique des images et la manière dont historiens de l’art, archéologues et anthropologues envisagent les œuvres d’art de manière transdisciplinaire, on peut penser que le processus de transmission de et par l’image se manifeste dans les objets et les œuvres, mais aussi dans les documents de travail. Une attention particulière sera accordée au contexte institutionnel dans lequel ces écrits sont rédigés et publiés (rapports de fouille, catalogues d’exposition discours, manifestes, inventaires raisonnés, catalogues de vente, archives etc.).


Écritures et œuvres :

L’écriture constitue une question à facettes multiples qui reste centrale pour toute réflexion sur la genèse et la matérialité des œuvres. Dans le domaine des arts visuels, l’accent sera mis sur la place encore trop peu étudiée de l’écriture et sur le statut de la trace écrite dans les œuvres d’art elles-mêmes (phylactères, calligraphies, inscriptions, graffitis, signes, tracés autographes, collages de texte imprimé, affiches déchirées, fragments de journaux, émail, etc.). Le phénomène est transhistorique, mais s’avère particulièrement massif dans l’art contemporain depuis le début du XXe siècle : de Paul Klee à Twombly, du cubisme à Basquiat, des affichistes à l’art conceptuel. Mais qu’est-ce que l’écrit pour un historien de l’art, un historien ou un archéologue ? Qu’est-ce que l’écrit pour le créateur qui décide de l’intégrer à son œuvre ?

Outre ses significations comme monument ou document, l’écriture comme signifiant a été traitée par les artistes comme un matériau plastique à part entière, au même titre que n’importe quel autre composant de l’image, mais avec cette particularité que la chose écrite se désigne comme telle en posant la question de sa lisibilité linguistique et de son déchiffrement. L’écrit a investi de multiples supports, depuis une Antiquité fort lointaine (murs, objets, textiles, etc.) jusqu’aux formes les plus contemporaines de l’expression artistique, en passant par des œuvres médiévales à thèmes religieux, moraux ou politiques. Pour l’historien et l’archéologue, sa présence confère une valeur ajoutée au support lui-même : qu’il s’agisse d’une lettre, d’un mot, d’une phrase ou d’un texte, la nature de cette valeur varie en fonction de multiples paramètres et fait l’objet de débats (cf. la thèse en cours de Martial Déflaceux sur La place du texte dans les expositions d’art contemporain et son impact sur le processus artistique en France de 1999 à 2010). Quel est le véritable message ? Comment se construit la relation de sens entre le support et l’inscription ? L’écriture sur une stèle funéraire antique peut nous renseigner sur le défunt, sa vie, l’histoire de son temps, la religion et les rituels. Même si cette écriture constitue une dimension esthétique de la stèle comme œuvre d’art elle contient un message écrit, donc traductible. Toutefois, pour les périodes anciennes, par exemple celle de l’Orient, une histoire de l’art est-elle possible ? Pour l’art contemporain, il semble que la question soit tout à fait ailleurs et que l’utilisation plastique de l’écrit dans la peinture ait au contraire pour vocation de remettre en cause le principe de la lisibilité et de problématiser en termes visuels la notion même de message. Il s’agirait alors de comprendre le sens visuel des énigmes inventées par les artistes : écritures oblitérées, tracés hybrides, simulations d’écritures, graphies imaginaires. Une attention particulière sera accordée au phénomène de la restauration dans ses liens aux traces d’écriture et de réécriture sur les œuvres, et aux arts industriels et décoratifs. La question d’intermédialité du texte et de l’image dans la création contemporaine permettrait des collaborations étroites avec le Centre de Recherches sur les Littératures et la Sociopoétique (CELIS, EA 4280). Par ailleurs, un lien privilégié se construit avec l’École Nationale Supérieure d’Architecture de Clermont-Ferrand : il s’agira de comprendre le travail des architectes à travers un double système de traces : à travers l’épaisseur des archives écrites qui ont accompagné la conception et les métamorphoses de la proposition que cherchait à formuler l’architecte, et à travers la série ordonnée des gestes créatifs et des médiations techniques qui constituent les étapes matérielles de la genèse de l’œuvre proprement dite (thèses de Mathilde Lavenu - Du dessein à l’édification, les traces de la genèse : la bibliothèque de l’architecte Louis Jarrier (1862-1932) -, de Tiphaine Tauziat - Genèse du projet d’architecture durant l’entre-deux-guerres, le cas des archives des frères Jean (1894-1961) et Joseph Soupre (1894-1960)).

La genèse peut enfin être envisagée à travers le prisme de ce qui lui fait obstacle ou la modèle par des forces négatives émanant du pouvoir et qui sont pour autant, à leur manière, des forces créatives. La censure et son contournement comme facteur intervenant dans le processus de création devrait permettre de proposer une typologie de la censure à l’épreuve du théâtre et du théâtre à l’épreuve de la censure, dans le monde, au XXIe siècle.

Traces et interprétations :

L’axe 2 du CHEC a été à l’initiative d’une journée d'étude en avril 2017 sur la notion de trace. Celle-ci a été envisagée à cette occasion selon trois axes de réflexion : les traces de fabrication, les traces d’usage/d’utilisation/voire d’usure, les traces comme méthode d’interprétation.

En prolongement de ce questionnement diachronique et pluridisciplinaire, le projet propose d’étendre la réflexion à la notion d’«archive » : soit des matériaux qui font trace, sur lesquels se concentre l’analyse scientifique – le document dans sa dimension de témoignage –, mais aussi la documentation qui indique l’activité scientifique en elle-même – l’archive des savants. Cela rejoint la définition des « archives » telles que les historiens et les archivistes les conçoivent : un document produit dans l’accomplissement d’une activité. Un fonds d’archives se compose de documents liés entre eux par sédimentation, qui ont une même origine de production. Ici le mot archive sera donc compris comme l’indice d’arts de faire.

Envisager les archives sous cet angle devrait permettre de s’interroger sur le rapport que le chercheur entretient à la manière dont l’archive elle-même crée du savoir. L’archive ne se contente pas d’être une source de connaissance, elle produit en grande partie cette connaissance avec ses qualités mais aussi ses limites. Dans cet esprit, tout ce qui relève, par exemple, des minutes de fouille entre dans le périmètre de la réflexion : comment se constitue un site archéologique (les couches deviennent alors aussi importantes si ce n’est davantage que les objets découverts, elles sont en elles-mêmes à enregistrer). On peut penser aussi au rôle joué par les archives dans la constitution d’une base de données et inversement, la transformation opérée par leur inclusion dans un nouveau média.Par ailleurs, dans le souci de poursuivre la réflexion entre les recherches en sciences humaines et sociales et les productions artistiques (une des spécificités de l’axe 2), il s’agira d’étudier le lien entre archives et création qui, dans maints domaines, retient autant les artistes que les chercheurs en SHS. L’analyse des archives de la création offre en effet un complément indispensable à l’étude du recours aux archives dans la sphère artistique. Le tout peut être décrit comme une sorte de boucle : allant de l’archiviste pour le classement archivistique de la création, vers le chercheur pour l’histoire d’une œuvre et d’une vie de création, et/puis vers le créateur pour l’archivage de ses propres créations ou de sa création à partir d’archives, et ainsi de suite. Deux journées d’études en 2019 et 2020 amorcent le travail en ce sens (Archives de la création : où passe l’« inarchivable » ?), avec la participation de spécialistes qui ont organisé ces dernières années des réflexions collectives sur le sujet, tout en venant d’horizons très différents (arts plastiques, cinéma, théâtre, littérature). Cet horizon ouvre des perspectives de collaboration avec le CELIS, qui pour sa part étudie les réflexions et pratiques en recherche-création quand la création est partie prenante de la recherche, quand s’établissent des relations entre innovation scientifique et révolution esthétique. Autre terrain d’enquête envisagé : le don d’archives littéraires et leur prise en charge dans le cadre de la politique d’accueil des fonds littéraires par la bibliothèque de Clermont Communauté.

Thème 2 : RECEPTIONS ET APPROPRIATIONS DES CREATIONS

Il s'agira de s'intéresser aux usages qui ont été faits de créations par l'écrit ou les arts de l'image, dans des approches relevant de l'histoire sociale — plaçant au centre de l'analyse, en liaison avec les travaux de l'axe 1, le faire communauté — et de celle des pratiques de communication culturelle. Une attention particulière sera donnée à l'image, entendue ici dans une définition simple — une représentation figurée, en deux ou trois dimensions — destinée justement à rendre compte de la pluralité de ses acceptions et de son ‘fonctionnement’ aux différentes époques. On s'efforcera de saisir l'image dans son épaisseur anthropologique, en inscrivant toujours l'efficacité iconique dans un contexte historique et une culture, une configuration spécifique faite des diverses forces qui entourent l'image et la traversent. Corrélativement, il s'agira de mieux cerner comment les modalités de l'usage d'images ont travaillé à la structuration d'un imaginaire — donc aussi, dans une dimension collective large, participé à la propagation d'une idéologie, en tant que système unique et cohérent de représentation et d’explication du monde.



Rites et dévotions :

La perspective est ici celle d'une histoire de la pastorale et des sensibilités religieuses, attentive à des usages et des mécanismes d'appropriation dont les ressorts et les effets, toutefois, peuvent dépasser la seule sphère du « religieux ». Deux perspectives seront privilégiées :

- Les formes et les représentations de la prière, en poursuivant la réflexion collective entamée en octobre 2018 avec la Journée d'Étude Images matérielles, images mentales (XIVe-XVIIe siècles). La convocation du « familier ». Il s'agit de s'intéresser au lien construit, entre la fin du Moyen Âge (mais quels en sont les antécédents ?) et la Réforme catholique, entre des images matérielles et des représentations mentales, que les premières aient servi de support aux secondes — dans le cadre de techniques de la mémoire ou de la méditation — ou, à l'inverse, que des processus de création en esprit aient débouché — par le biais, notamment, du medium de l'écrit — sur des ymagines visibles de tous. Si pour les maîtres de la mystique la « vision spirituelle » (saint Augustin) ou « vision imaginaire » devait être dépassée au profit d'une dévotion détachée des images, ceux-ci savaient fort bien que dans la dialectique qu'elle pouvait enclencher avec l'image matérielle, elle offrait pour la masse des fidèles, en dehors d'une élite monastique, un outil majeur de devotio. On voudrait continuer à prendre la mesure de cette implication de l'image mentale dans les moyens de la pastorale : d'une part, dans l'usage qu'en ont fait les prédicateurs à partir du développement des mouvements réformateurs (dits « de l'observance ») des XVe-XVIe siècles : référence, dans le discours, à des œuvres réelles ainsi qu'à des lieux précis pour diriger la réception des images et générer des habitudes mentales chez les auditeurs ; utilisation du principe de la mémoire des lieux pour faire perdurer l'effet de la prédication dans l'esprit des spectateurs (les parcours et les images qui marquaient l'espace urbain devenant ainsi une sorte de théâtre de la mémoire) ; développement, en marge du discours, de phénomènes de reproduction et de transplantation dont la finalité était de transposer la présence, tels ceux mis en œuvre avec l'essor des premiers Chemins de Croix et des « Jérusalem transplantées » dans l’espace du quotidien, urbain ou péri-urbain, à la fin du Moyen Âge et au cours de la Première Modernité. D'autre part, en scrutant la façon dont une micro-société, le monde du cloître, avec ses caractères hétérotopiques marqués et ses méthodes d'éducation, a pu constituer un lieu privilégié dans l'élaboration de telles pratiques et leur perpétuation à l'époque contemporaine. L'analyse des historiens et historiens de l'art viendra ici rencontrer l'enquête ethnographique et l'anthropologie filmique, et trouvera un prolongement dans l'étude des pratiques de prière et de dévotion au sein de communautés religieuses contemporaines. Il s'agira ainsi de tenter de mieux comprendre comment les religieux/ses recourent, dans leurs pratiques quotidiennes de dévotion, aux images matérielles ou mentales, avec quels gestes et postures du corps, dans quels lieux de l'espace claustral ; corrélativement, comment s’effectue le passage de la lecture à la prière, à la méditation et à la contemplation, selon des méthodes et directives qui ont pu fréquemment être définies et énoncées aux époques médiévale et moderne.


- La circulation et les usages de productions textuelles et artistiques pensées ab origine dans une fonction de dévotion. Il faut tendre d’une part à la (re-)constitution de véritables corpus, dont il conviendrait d'offrir des éditions critiques tout en les soumettant à un questionnement pluridisciplinaire. Deux chantiers sont en passe d'être ouverts. Premièrement, le dossier des écrits de / sur Colette de Corbie, réformatrice de l'ordre franciscain et véritable « sainte vivante » de la première moitié du XVe siècle, étroitement liée aux pouvoirs princiers, principalement dans les duchés de Bourgogne et de Savoie, qui doit permettre un travail collectif d'édition ouvrant sur une réflexion plus large sur la sainteté féminine. La figure du modèle, y compris la figure de sainteté, est au centre de dynamiques de production et de circulation : de ses propres écrits, en particulier la correspondance ; d'écrits-témoignages ou biographiques ; d'images ; d'objets-traces constituant par essence des reliques. Deuxièmement, les recueils du jésuite Michel Coyssard (1547-1623), en activité à Avignon puis à Lyon, qui peut être considéré comme le père du cantique « populaire » en langue française. Un dialogue avec des musicologues permettrait à la fois d’étudier les effets de la mise en musique et d’approfondir la question de la légitimité du recours aux airs profanes, objet d’un vif débat durant une grande partie du XVIIe siècle. L’objectif serait de produire un volume offrant une édition critique de l’ensemble des œuvres de Coyssard, précédées d’une introduction sur la genèse du cantique en langue vulgaire et sur la structure de l’enseignement religieux d’après les cantiques.


Il convient ici de rappeler combien l'un des programmes importants soutenus par le CHEC ces dernières années, MUSEFREM, est porteur d'un potentiel d'élargissement des travaux à l'ensemble du XVIIIe siècle par l'extension et la reprise des dépouillements archivistiques : il fait surgir d'innombrables musiciens, souvent inconnus, qui illustrent la vitalité de la vie musicale dans les provinces ; révèle, pour d'autres musiciens déjà célèbres, des pans de vie méconnus voire entièrement inédits ; et, en faisant surgir l'activité de musiciennes, vient modifier en profondeur notre connaissance d'un monde considéré jusqu'alors comme exclusivement masculin.


  Les réalités, voire la reproduction de la performance — orchestique, musicale, voire théâtrale.

On aimerait analyser le rapport entre représentations figurées et « performances » sur la longue durée historique, depuis l'Antiquité (monde grec ancien et Anatolie ancienne) jusqu'à l'époque contemporaine. Là encore, les liens noués depuis des années et les initiatives menées par des membres du CHEC, dans le cadre de programmes de recherche d'envergure, sont aujourd'hui susceptibles de déboucher sur de fécondes et originales collaborations, comme celle qui donnera lieu, en partenariat avec le Centre de Musique baroque de Versailles et des enseignants-chercheurs de l'Université de Lorraine, à l'organisation d'un concert avec mise en espace à la cathédrale de Metz en octobre 2020 : il s'agira de re-produire, au plus près des conditions originelles d’exécution, des fragments d’offices des XVIIe et XVIIIe siècles, afin de permettre au public de prendre conscience de la manière dont était interprétée la musique d’église.



Images et imaginaire populaire

Dans le prolongement de l'ANR CIRESFI sur les spectacles forains et italiens en France aux XVIIe et XVIIIe siècles, dont le CHEC était laboratoire partenaire, certains de ses membres ont pour projet de travailler sur les spectacles de curiosités (saltimbanques, jongleurs, montreurs d'animaux, crèches vivantes, théâtres de cires et de marionnettes, lanternes magiques, prestidigitateurs, ventriloques, etc.). Par le biais de ces petits spectacles, c'est à une culture des plus populaires que l'on accède, autant que nous le permettent les archives policières et judiciaires, les passeports, les registres des garnis, les affiches et les annonces dans la presse. Loin du divertissement sans profondeur, les curiosités offrent une interprétation du monde connu ou rêvé, une vulgarisation scientifique sur les confins de l'humanité et de l'animalité, et produisent nombre de discours militants (au service des régimes en place ou, dans la France du début du XIXe siècle, de la reconquête catholique). Elles mobilisent une population migrante et internationale de créateurs souvent de ce fait socialement marginalisés, qui construisent leur art avec un syncrétisme idéologique et esthétique qui n'est pas sans inspirer des scènes plus prestigieuses. Ces artistes, qui pour survivre pratiquent parfois plusieurs métiers, ont déjà droit de cité dans une base de données en pleine construction par les soins des ingénieurs de la MSH de Clermont-Ferrand : 4 500 noms de montreurs de lanternes magiques, qui ont voyagé dans la France du XIXe siècle, y sont enregistrés, bientôt complétés par ce que nous révèlent les enquêtes sur le XVIIIe siècle.


Des baladins aux théâtres urbains mieux institutionnalisés, il n'y a qu'un pas que plus d'un franchit lorsque les directeurs de salles et d'arrondissements ont besoin des rapides rentrées d'argent que leur assurent spectaculaire et sidération. Tout un travail demeure à faire sur les répertoires plébiscités par les publics français et étrangers de la Révolution à l'Empire, sur les moyens techniques mobilisés, sur les traductions et adaptations nécessaires. C'est aussi l'un des enjeux de la base de données THEREPSICORE, prolongement du projet ANR éponyme, désormais active.

Ces mêmes questions sont évidemment applicables à d'autres temps et d'autres lieux, des scènes de théâtre plus ou moins improvisées de la fin du Moyen Âge aux spectacles de marionnettes du monde contemporain, y compris hors de la sphère occidentale. In fine, pourrait-on dire, mais aussi par le biais de la tenue d'un atelier transversal au fil du déroulement du programme quinquennal, on aimerait contribuer à la réflexion épistémologique et méthodologique sur le concept d' « imaginaire » « populaire » ou « collectif », mais en aucune façon opposé sèchement à l'univers des élites), qui renvoie à un ensemble d’images partagées — par un groupe, une communauté, une société aux contours plus ou moins larges dans le fonctionnement desquels il joue un rôle déterminant en œuvrant à la cohésion et en orientant, voire déterminant les pratiques.